Malgré la diversité des méthodologies visant la prise en charge à distance de la dépression via les nouvelles technologies informatiques, les preuves d’efficacité sont nombreuses.
En effet, lors de la comparaison d’un traitement usuel (en face à face) à un traitement par TCC informatisé, les résultats démontrent d’une réduction des symptômes dépressifs avec l’usage de l’outil informatique (Clarke et al, 2009, Saddichha et al.,2014, Davies et al.,2014).
De plus, deux méta-analyses ont démontré l’efficacité des prises en charge par TCC informatisées. La première datant de 2009 (Andersson & Cuijpers, 2009) met en lumière les résultats significatifs sur la suppression des symptômes dépressifs chez les patients. Par ailleurs, les comparaisons entre les thérapies en face à face et les thérapies informatisées n’ont démontré aucune différence significative, ce résultat est également appuyé par les études de Barak et al. Menées en 2008 (Barak et al., 2008) . Ainsi, le suivi par les patients d’une thérapie à distance ou bien d’une thérapie usuelle donnerait des résultats équivalents. De plus, une seconde méta-analyse datant de 2012 (Richards & Richardson, 2012) met en lumière une efficacité des traitements informatiques sur la dépression et note également un réel intérêt de ces méthodes et une grande acceptabilité par les patients, quelle que soit leur origine.
Pour l’ensemble de ces auteurs, si l’efficacité des traitements à distance n’est plus à prouver, certaines caractéristiques doivent être présentes dans les logiciels afin d’en améliorer l’efficacité. De la même façon, certaines composantes doivent être présentes pour permettre le maintien à long terme des progrès du patient et le suivi de ce dernier sur l’ensemble de la thérapie.
Parmi les caractéristiques qui influencent directement ou indirectement l’efficacité des thérapies, on retrouve : les possibilités de personnalisation et d’appropriation du design par les patients, la présence d’un soutien par un thérapeute ou non, et la présence d’une communication avec le thérapeute.
La première caractéristique porte sur l’apparence du logiciel mais surtout dans sa dimension de personnalisation. Il apparait ainsi qu’un logiciel permettant de légères personnalisations permettrait au patient de mieux se saisir de son environnement numérique ce qui agirait sur la persistance des patient à suivre la thérapie et donc, indirectement, sur l’efficacité de cette dernière. Ainsi, l’étude portant sur le logiciel « Color Your life » visant la suppression des symptômes dépressifs a démontré de nombreux abandons au cours de la thérapie. Les auteurs en ont tiré plusieurs conclusions notamment celle d’un manque d’identification des patients avec le logiciel (Gerhards et al.,2010). Nous avançons donc ici qu’un logiciel qui permettra une appropriation facilitée pour le patient l’engagera davantage dans la thérapie, et donc lui sera d’autant plus bénéfique.
La seconde caractéristique porte sur l’implication du thérapeute durant la thérapie. Comme nous l’avons vu, certains logiciels sont auto-administrés par les patients alors que d’autres ne sont qu’un support à une thérapie usuelle. Alors que dans les thérapies en face à face, l’effet du thérapeute semble être une part importante de l’efficacité du traitement, l’effet du thérapeute dans les TCC en ligne semble négligeable, notamment en ce qui concerne sa formation (Almlöv et al., 2009). Cependant, il apparait que les interventions qui sont guidées par les thérapeutes fonctionnent davantage que celles qui ne sont pas guidées, mettant en avant les thérapies « Avec contact minimal » ou bien impliquant davantage le thérapeute plutôt que les thérapies sous la forme de self-help (Baumeister et al., 2014). Ainsi, les études tendent à montrer que, malgré l’efficacité des thérapies à distance, le suivi au cours de la thérapie par un thérapeute est un facteur important de persistance au cours du traitement et donc d’efficacité de ce dernier.
La troisième caractéristique porte sur les échanges avec le thérapeute. De nombreuses études se sont portées sur les différents modes d’interactions entre les patients effectuant leur thérapie à distance et les thérapeutes. Alors que certaines thérapies n’impliquent pas le praticien, d’autres lui demandent un réel investissement avec des contacts réguliers qu’ils soient téléphoniques, par sms ou bien par e-mail. Les résultats démontrent ainsi d’une augmentation de la motivation du patient et une meilleure adhérence à la thérapie lorsque les contacts sont réguliers, l’efficacité du traitement en est donc augmentée. Ce phénomène serait dû au sentiment de soutien de la part des patients par les thérapeutes, palliant parfois un faible soutien environnemental. De plus, la thérapie ainsi réalisées est plus ajustable et donc adaptée aux problématiques spécifiques du patient. Or, lorsque les objectifs et les valeurs intrinsèques du patient sont connus et utilisés par le thérapeute durant leurs échanges, le patient est plus enclin à suivre le traitement (Palmqvist et al., 2007).
Etant donné l’avancée actuelle dans le domaine scientifique de la prise en charge à distance, il est fort à parier que d’autres caractéristiques verront bientôt le jour pour expliquer l’efficacité des thérapies en ligne.
Bibliographie :
Almlöv, J., Carlbring, P., Berger, T., Cuijpers, P., & Andersson, G. (2009). Therapist Factors in Internet-Delivered Cognitive Behavioural Therapy for Major Depressive Disorder. Cognitive Behaviour Therapy, 38(4), 247‑254. http://doi.org/10.1080/16506070903116935
Andersson, G., & Cuijpers, P. (2009). Internet-based and other computerized psychological treatments for adult depression: a meta-analysis. Cognitive Behaviour Therapy, 38(4), 196‑205. http://doi.org/10.1080/16506070903318960
Barak, A., Hen, L., Boniel-Nissim, M., & Shapira, N. ’ama. (2008). A Comprehensive Review and a Meta-Analysis of the Effectiveness of Internet-Based Psychotherapeutic Interventions. Journal of Technology in Human Services, 26(2‑4), 109‑160. http://doi.org/10.1080/15228830802094429
Baumeister, H., Reichler, L., Munzinger, M., & Lin, J. (2014). The impact of guidance on Internet-based mental health interventions — A systematic review. Internet Interventions, 1(4), 205‑215. http://doi.org/10.1016/j.invent.2014.08.003
Clarke, G., Kelleher, C., Hornbrook, M., DeBar, L., Dickerson, J., & Gullion, C. (2009). Randomized Effectiveness Trial of an Internet, Pure Self-Help, Cognitive Behavioral Intervention for Depressive Symptoms in Young Adults. Cognitive Behaviour Therapy, 38(4), 222‑234. http://doi.org/10.1080/16506070802675353
Davies, E. B., Morriss, R., & Glazebrook, C. (2014). Computer-Delivered and Web-Based Interventions to Improve Depression, Anxiety, and Psychological Well-Being of University Students: A Systematic Review and Meta-Analysis. Journal of Medical Internet Research, 16(5), e130. http://doi.org/10.2196/jmir.3142
Gerhards, S. a. H., Abma, T. A., Arntz, A., Graaf, L. E. de, Evers, S. M. a. A., Huibers, M. J. H., & Widdershoven, G. a. M. (2011). Improving adherence and effectiveness of computerised cognitive behavioural therapy without support for depression: A qualitative study on patient experiences. Journal of Affective Disorders, 129(1), 117‑125. http://doi.org/10.1016/j.jad.2010.09.012
Palmqvist, B., Carlbring, P., & Andersson, G. (2007). Internet-delivered treatments with or without therapist input: does the therapist factor have implications for efficacy and cost? Expert Review of Pharmacoeconomics & Outcomes Research, 7(3), 291‑297. http://doi.org/10.1586/14737167.7.3.291
Richards, D., & Richardson, T. (2012). Computer-based psychological treatments for depression: a systematic review and meta-analysis. Clinical Psychology Review, 32(4), 329‑342. http://doi.org/10.1016/j.cpr.2012.02.004
Saddichha, S., Al-Desouki, M., Lamia, A., Linden, I. A., & Krausz, M. (2014). Online interventions for depression and anxiety – a systematic review. Health Psychology and Behavioral Medicine, 2(1), 841‑881. http://doi.org/10.1080/21642850.2014.945934