Les prises en charge informatisées de la dépression

        Avec l’avènement des nouvelles technologies et notamment la démocratisation d’internet dans la plupart des foyers, la communication et les rapports humains ont été modifiés. Ainsi, il était probable que les thérapeutes soient dans l’obligation d’adapter à la fois leur méthodes de prises en charge à un public toujours plus informé et d’adapter leurs pratique à des individus en recherche d’une accessibilité permanente.

Différents type de thérapies à distance existent donc depuis les dix dernières années, répondant à des fondements théoriques, des besoins et une implication du thérapeute différente. Il est à noter toutefois que l’ensemble des thérapies à distance développées ci-après sont issues des théories cognitivo-comportementales.

Le premier type de thérapie utilise les fameux « Self-Help ». Ce type de thérapie auto-administrée par le patient contient essentiellement de la documentation sur sa pathologie, c’est-à-dire de la psychoéducation. On appelle aussi ce genre de thérapie « Bibliothérapie » car le matériel est souvent basé sur du texte. L’avantage de ce type de prise en charge est que l’implication du thérapeute s’arrête au moment de l’évaluation du patient afin de déterminer la présence de la dépression et le besoin d’une thérapie.

Le second type de thérapie est appelé « Avec contact minimal ». Ainsi, le thérapeute est impliqué dans le traitement mais de façon moindre que dans une prise en charge usuelle. Par exemple, il est possible que les contacts soient essentiellement téléphoniques à des fins d’assistance sur le matériel fourni ou bien pour aider le patient à persister dans sa thérapie.

Le troisième type de thérapie demande une grande implication de la part du thérapeute. Ainsi, les contacts entre le thérapeute et son patient sont réguliers et l’outil utilisé n’est qu’un support à une thérapie usuelle et non pas une thérapie autonome (Eells et al., 2014).

        Actuellement aux Etats-Unis, trois logiciels majeurs ont été créés pour la prise en charge de la dépression et ont également été soumis à des études scientifiques pour en déterminer l’efficacité.

Le premier logiciel est nommé « Good Days Ahead » (GDA) et a été créé notamment par A.T.Beck et s’appuie sur les fondements théoriques de ce même auteur concernant la dépression. Ce programme en 9 leçons était seulement disponible en format DVD-ROM puis a été développé sous le format d’une application web par la suite. L’ensemble du programme est composé de vidéos et enregistrements audio. Le contenu du logiciel se base sur les concepts clés de la TCC et sur la psychoéducation à la dépression. L’intérêt de ce programme est qu’il est certes destiné aux patients mais est également destiné aux thérapeutes afin de réduire leur temps de travail sur la thérapie. Cependant, il est à noter que le logiciel n’est destiné à n’être qu’un ajout à une thérapie en face à face, comme le support d’un travail commun entre le psychologue et son patient et non pas un outil autonome utilisé par le patient à tout moment. Les études relatives à ce logiciel ont été au nombre de trois et décrivent ce dernier comme démontrant une réelle efficacité et étant bien accepté par les patients.

Le second logiciel est nommé « Beating The Blues » (BTB) et a été créé par Proudfood. Le programme comprend 8 leçons structurées autours d’images et d’interactivités, de plus, des exercices sont soumis au patient à chaque session. A la différence du logiciel « Good Days Ahead », BTB a été créé pour être majoritairement auto-administré ; les thérapeutes qui ont appris à leurs patients à utiliser ce logiciel ne sont pas impliqués dans la suite du traitement mais sont enclins à continuer à suivre leurs patients même brièvement. L’intérêt de ce logiciel demeure dans le fait qu’il propose une thérapie cognitive de la dépression à distance en utilisant les bases de la TCC dans chacune de ses séances. Les résultats des études concernant ce programme sont cependant légers et ne montrent pas toujours l’efficacité de la prise en charge qu’il propose, souvent en raison de l’arrêt précoce du traitement  par les patients (Littlewood et al., 2015).

Le troisième logiciel étudié dans le monde scientifique est nommé « Mood Gym » (MG). Ce programme est également prévu pour être auto-administré par les patients, cependant, alors que BTB requiert une présence, même minime d’un thérapeute, MG est complètement autonome. Le logiciel a essentiellement été développé pour répondre à des besoins de documentation et serait davantage proche des self-help que des prises en charges globales de la dépression. Le programme comprend ainsi cinq modules issus de la thérapie cognitive de la dépression. Ce logiciel n’ayant pas la vocation d’une prise en charge de la dépression, les études n’en ont pas toujours démontré l’intérêt. De plus, comme BTB, les patients utilisant ce dernier arrêtent souvent en cours le processus thérapeutique (Littlewood et al., 2015).

Bibliographie :

Eells, T. D., Barrett, M. S., Wright, J. H., & Thase, M. (2014). Computer-assisted cognitive–behavior therapy for depression. Psychotherapy, 51(2), 191‑197. http://doi.org/10.1037/a0032406

Littlewood, E., Duarte, A., Hewitt, C., Knowles, S., Palmer, S., Walker, S., … on behalf of the REEACT Team. (2015). A randomised controlled trial of computerised cognitive behaviour therapy for the treatment of depression in primary care: the Randomised Evaluation of the Effectiveness and Acceptability of Computerised Therapy (REEACT) trial. Health Technology Assessment, 19(101), 1‑174. http://doi.org/10.3310/hta191010

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